Ce livre est, à ce jour et sans conteste, l’un des trois livres qui ont marqué ma vie.

Sinophile réputé, François Jullien nous livre une réflexion d’une profondeur inouïe sur notre rapport au temps, le chronos. Héritiers de la pensée grecque, ce rapport au chronos influence notre vie jusque dans des zones inattendues.

Ainsi, François Jullien décrit très bien la différence fondamentale entre les asiatiques, engagés dans un rapport à un temps cyclique et les occidentaux, engagés dans un rapport au temps borné par un début et une fin. Il nous fait réaliser que si tous les philosophes, savants, mathématiciens, physiciens, et autres penseurs des sociétés occidentales, quelle que soit l’époque, leur religion ou leurs croyance, se sont un jour posé la question d’un « auteur » de ce que nous appelons l’Univers, les mêmes penseurs ou savants chinois ne se la sont pas posée. Leur rapport au temps fait qu’ils sont là, présents ici et maintenant, dans un monde qui n’est que cycle, et qu’il n’y a donc ni début ni fin en soi.

Cette différence fondamentale influe notamment sur le rapport à la mort qui n’est pas vécue comme une fin ou un début mais comme une transition et une facette du cycle de la vie.

En mettant la lumière sur les transformations silencieuses, François Jullien nous pousse à repenser notre monde, tant sur le plan spirituel que sur notre rapport à la vie des contrats ou aux rides qui apparaissent sur nos visages avec les années, par exemple. Pour ma part, ce livre a bouleversé mon rapport à la notion de divinité, qui était pourtant éclairé par de nombreuses lectures depuis plus de 35 ans… William Cargill